Clemenceau, Le Tigre à Guimet
Guimet propose une exposition consacrée à Georges Clémenceau, qui en plus de ces casquettes de médecin, journaliste, auteur dramatique, politique, était un féru d'Asie.
D'une Asie au sens large, englobant l'Inde, la Chine, le Japon. D'un Asie libérée de la emprise colonialiste, emprise qu'il attaque, faisant face à Jules Ferry et ses races inférieures et supérieures qui n'admet pas la souveraineté de ces pays aux racines remontant souvent plus loin que celles de l'Europe.

Il sera aussi un "faiseur de musées" en intervenant afin de permettre à Émile Guimet de fonder la première mouture du musée qui porte désormais son nom.
L'exposition prend un air de cabinets de curiosité, picorant dans l'art et l'artisanat de nombreux pays en insistant notamment sur sa passion pour le Japon (qu'il n'a pourtant jamais visité).
Il a aussi, comme beaucoup de ses contemporains, succombé au courant Japoniste dans les années 1870, achetant toutes sortes de pièces : netsuke, katanas, estampes, etc…

On y trouve donc une incroyable collection de 3000 kôgôs, boîtes à encens, utilisées pour la cérémonie du thé. Clémenceau était fasciné par la voie du thé.

Trois chiots, Nakamura Hôchû : so ccuuuuuuuttttteeee

Bouteilles de Saké, XIXème, Laques avec poussières d’or et d’argent Hiramaki-e.

Estampe au thème de Kabuki, très colorée :

Hokusai : carnet de croquis, une petite merveille.

Hokusai, 36 vues du Mont Fuji,

Vase imitant la vannerie, époque Edo

Mais il n'y a pas que le Japon dans la vie, vous pourrez aussi admirer de très belles céramiques coréennes et grès de Yixin

Le journaliste se fera aussi défenseur des artistes dits "modernes" et tissera des liens avec Monet avec qui il partage une grande passion pour la Nature. L'exposition met d'ailleurs en parallèle des oeuvres de Monet et les 2 monstres sacrés de l'estampe nippone que sont Hokusai et Hiroshige.

Monet, le Mont Kolsaas en Norvège, et 2 œuvres d’Hokusai :

Dans la bibliothèque, vous trouverez une présentation d'objets liés à la cérémonie bouddhique du 21/02 1891 qui avait fait le buzz à l'époque, et à laquelle Clémenceau participait (le comble pour cet anticlérical).
Au dernier étage, dans la rotonde, un bel hommage à Clémenceau qui fait référence aux Koi No Bori (ces sortes de manche à air en forme de carpes japonaises accrochées à un poteau pour la fête des garçons au Japon) qu'il avait fait installer dans son petit jardin vendéen.

Côté regret : un éclairage un peu dur.
Une exposition pas forcément majeure, mais intéressante par ce qu'elle permet de découvrir du monsieur. Mais surtout de belles pièces, une belle pédagogie.
Tarif ; 7.50 euros, 9.50 euros avec la collection permanente
Durée: 1 h
Site officiel : <http://www.guimet.fr/sites/clemenceau-asie/>
Un parcours d'arts chinois, abordés sous l'angle des matières et techniques, est aussi proposé. Il s'agit cependant de pièces des collections permanentes pas de nouvelles acquisitions (sauf quelques exceptions). Intéressant si vous ne connaissez pas le musée, elle permet aussi de se rendre compte de l'avance technique de l'Empire du Milieu : invention du papier au 2ème siècle AV JC, imprimerie à caractères mobiles en céramique au XIème siècle (bon, avec 5000 caractères forcément, c'est pas très pratique, la xylographie allait plus vite). De très belles photos, réalisées par Chavannes et Segalen lors de leurs recherches archélogiques, sont présentées à l'étage de la bibliothèque. Dommage que l'éclairage des accrochages muraux soit si fort et gêne pour admirer les tirages et négatifs des vitrines, d'autant que le thème est fort et éveille la curiosité avec ses sépultures impériales nimbées de mystères, une bonne idée pour une future exposition à Guimet ?

Crevettes, Qi Baishi, 1951

Hors parcours, une très belle nocturne japonaise : Crépuscule, le lac, Kawai Gyokudô, Ere Taishô, début ère Showa, avant 1929, Encre sur Papier
