Les archives du rêve, dessins d'Orsay à l'Orangerie
La substantifique moelle, soit 150 des 80 000 pièces, de la collection de dessin du musée d’Orsay (qui est conservée au Louvre, un peu compliqué), est présentée à l’Orangerie jusqu’à fin juin.
La sélection est réalisée par Werner Spies, lui-même, l’illustre ! Quoi ? Vous ignorez tout à fait qui est ce monsieur ? Moi aussi (enfin plus maintenant*) mais franchement nul ne besoin de potasser la biographie pour apprécier le résultat.
Pas trop de blabla pour cette exposition qui donne à voir un large spectre de dessins (fusains, crayons, aquarelles), sur une plage temporelle centrée autour de 1870 (en gros). Il y en aura pour tous les styles, à tel point qu’on a parfois l’impression de faire plusieurs expositions d’un coup sans que cela nuise pour autant à la cohérence de l’ensemble : art nouveau, préraphaélites, romantisme, réalisme, impressionisme, etc… tout y passe. Du coup voici une petite sélection de mes coups de cœur.
Projet onirique, tombeau pour un poète, Henry Provensal

Vous verrez ainsi le contraste entre le sombre_ nœud noir_ de Seurat voisinant avec les couleurs fluides de Cézanne (ici _le Four à Plâtre_).

Larsson assure le seul chat de l’exposition avec_ jeune femme allongée sur un banc_.

Boudin, lui illustre par les scènes de marché breton, et une inquiétant _personnage sur un chemin s’enfonçant dans un bois_.

On découvre une sorte de Friedrich monochrome avec Bresdin et _Le Gave ou les grandes roches_ qui côtoie un Paysage d’Ecosse de Gustave Doré.

Carlos Schwabe, la mort du fossoyeur qui avait fait l’affiche de l’Ange du bizarre à Orsay.

Quelques dessins plus engagés sont aussi convoqués : des aquarelles de Daumier, Meissonier_ la Barricade_ 1848, des dénonciations des fanatismes religieux (pardon pour la répétition) de Kupka, Un carnet de croquis de Courbet dont on ne verra que _Fédérés aux grandes Ecuries de Versailles_ 1871.

Jean-François Millet est bien représenté
_Ebauche pour les glaneuses,_

_Berger passant avec son troupeau à Biau_

_Pécheur de homards jetant leurs claies, effet de nuit_.

Un chouchou, un peu sombre tout en suggestion : Léon Bonvin, _une chambre avec la porte ouvrant sur une cour et un chemin._

Et deux découvertes, William Degouve de Nuncques,_ Nocturne au parc royal de Bruxelles, croisement d’allées_ et József Rippl-Rónai,_ un parc dans la nuit_. Une sorte d’_Empire des lumières_ brumeux, à ne pas manquer.

Au milieu de ces artistes pas tous connus, vous retrouverez aussi des grands noms : un espace est dédié au seul Odilon Redon et à ses noirs de fusain “graves et impalpables”, tandis que Degas est présentée vis ses toilette de nus et quelques danseuses. Gustave Moreau avec ses aquarelles orientalisantes répond aussi à l’appel
_Diable enlevant une tête_, Odilon Redon

On virevolte, papillonne et butine avec plaisir dans cette très chouette exposition. Rien à redire pour une fois, un petit plus de contexte aurait sans doute été le bienvenue mais les oeuvres sont assez puissantes pour se suffire à elle-même. Le catalogue de l’exposition est un bel ouvrage mais un peu cher avec un dialogue un peu lourdingue entre artistes contemporains et reproduction des oeuvres.
Tarif : 9 euros
Durée : 1 h
Site officiel :
- : c’est l’ancien directeur du musée national d’Art moderne de Paris.