Tous bousillés ! Tatoueurs et tatoués au quai Branly
Le tatouage se montre, s’exhibe et s’explique au musée du quai Branly. Qu’il soit protecteur, informatif, symbole d’allégeance, simplement esthétique, ce sont les tatouages du monde entier qui se donnent à voir jusqu’au 18 octobre 2015 (vous avez le temps !).
Le tatouage est souvent associé à une transgression (du moins, mais pas que, en Occident), il faut dire que son passé n’aide pas beaucoup à lui donner une image proprette : il est un outil indélébile de contrôle des corps? Prisonniers, pègre, prostitué sont ainsi marqués à ce fer noir. Les tatouages des zeks au goulat, les marques des “apaches” parisiens – qui le nomment bousille en argot –, témoignent des crimes, du destin tragique, de l’amour avec des femmes plus ou moins faciles.



Le Japon occuper une place importante dans l’histoire du tatouage. Dès 720, le Nihon Shoki, mentionne de telles marques, comme infamantes. De pénal, il deviendra ensuite plébéien, puis preuve de bravoure –notamment chez les pompiers, métier héroïque quand les villes nippones sont toutes de bois construites. La pègre en prendra ensuite possession, emblématique sur les peaux des yakuzas qui reprennent ainsi les marques de reconnaissance des protagonistes d’_Au bord de l’eau_. Il basculera dès lors dans le tabou. Ne manquez pas cette photo de yakuzas au bain public, avec des lunettes noires comme seuls vêtements.

Le tatouage se retrouve dans les “side shows” où les porteurs se produisent aux côtés des hommes forts, femmes à barbe et autres freaks. Ils complètent leurs performances par force pyrotechnie et avalages d’objets aiguisés.
Le tatouage a aussi valeur de protection magique, comme en Thaïlande, de symbole martial chez les maoris, etc…

S’il est répandu en Amérique du Nord, Asie, Océanie, Afrique, il va décliner à partir du XVIIIème siècle pour connaître un renouveau contemporain, associé à des échanges intercontinentaux, avec 2 écoles majeures : une traditionaliste et une plus innovante sans exclure toutefois les passerelles. Ce renouveau introduit aussi une iconographie nouvelle, intégrant les fondamentaux du jeu vidéo, du cinéma, du manga, etc…

Le musée a eu la bonne idée de commander des œuvres pour l’occasion, projets sur toile ou réalisation sur corps en silicone qui illustrent ce foisonnement créatif.

Une exposition dense, variée et multimédia qui montre l’histoire comme l’actualité avec la petite touche gore du musée Branly (morceaux de peaux et membres tatoués prélevés sur la bête) . Un regret de ne pas avoir plus d’explications sur les aspects techniques ; je pense à l’incorporation des pigments dans la peau, les techniques d’effaçage. Dommage aussi que les espaces de circulation soient si réduits, on est obligés de frôler ses contemporains, ce qui n’est pas, vous en conviendrez, très ragoutant.

Tarif : 9 euros
Durée : 2 h
Site officiel :<http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche/tatoueurs-tatoues.html>