Bretagne-Loire
Une semaine en Bretagne et en Val de Loire.
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J1
Partir un dimanche de Pâques, ça permet de ne pas accompagner le troupeau sur les routes, seulement, si le troupeau n'est pas là c'est aussi qu'il a pris la fuite la veille... et les moyens de locomotion avec.
Mais, finalement, après quelques tergiversations (hum une smart pour faire 2000 bornes, est-ce une bonne idée ?), nous voilà parti pour les marches occidentales du Royaume de France. Pour ne pas céder à la torpeur du trajet, 2 escales ont été aménagées : Cancale et Perros-Guirrec. Pour la première, pas de doute, tous les parisiens étaient déjà là malgré le ciel couvert et les restaurants avaient adapté leurs cartes à ce public tandis que les autochtones, pas fous, prenaient sur le pouce, au bout du quai, des plateaux d'huitres sur les étals des ostréiculteurs. Pour Perros, pas grand chose à dire, il y avait beaucoup de voitures et pas grand chose à voir, si ce n'est que maintenant je sais que c'est à côté de Pleumeur-Bodou.




J2
En Bretagne, c’est bien connu, il ne pleut jamais sur moi. En ce lundi pascal, l’adage se confirme, avec un ciel bleu dépourvu de nuages. Nous inaugurons donc notre bouquin de balade [1] par la n°17, dans les monts d’Arrée, boucle au départ du Mont-Saint-Michel-de-Brasparts, soit ce qui se rapproche le plus d’un point culminant en Armorique. Au pied de cet Himalayec, le réservoir de Brennilis, la centrale en démantèlement (qui restera assez discrète dans le trajet) et des landes et tourbières.







On trouve aussi entre deux sapinières et chemins creux certes inondés, des alignements mégalithiques dont il faut mieux connaître l’existence afin d’en percevoir la présence.


Après cette petite balade d’un peu moins de 3 h et un pique-nique au sommet (enfin juste en-dessous, non à cause du mal des montagnes, mais du mal de monde), petite balade sur la côte nord à Goulvien (rando 14 toujours dans [1] mais nous n’avons pas fait la boucle, l’A/R sur la plage étant plus agréable), paradis d’Eole et donc des kite-surfs. Lumière un peu crue qui ne rend pas une photogénique justice à la belle plage.

(

[1] : ISBN 978-2-84640-384-9, Balades nature en Bretagne, Dakota Editions
J3
Toujours sous le même soleil qui n’a pas envie de se faire éclipser par le premier nuage venu, nous faisons maintenant une randonnée au Cap de la Chèvre (n°16 toujours dans le [1]). Ambiance méditerranéenne, béton et population en moins, des eaux turquoises au pied de belles falaises et une plage immense pour nous seuls (bon il y avait 3 autres personnes mais sur 2 km ça va, je supporte encore).








Quelques kilomètres au nord, la pointe de Dinant puis Penn-Hir, sise tout prêt de Camaret.



Dans le port de Camaret, les bateaux rouillés n’ont pas changé et la tour Vauban est toujours en restauration.

[1] : ISBN 978-2-84640-384-9, Balades nature en Bretagne, Dakota Editions
J4
Blabla soleil blabla pas de nuages, blabla azur.
Oui il fait encore beau alors je vais vite pour cette partie. Aujourd'hui visite du "spot" breton, la pointe de la Torche réputée pour ses vagues prompts à exciter le surfeur comme une fourmi venant de repérer une trainée de phéromones à destination de la nappe en carreaux négligemment déposée pour un pique-nique dans la verte clairière et où trône un pot de confiture qu'une éclaireuse hexapode a déjà .... oui donc il y a des surfeurs. Et souvent, il y a du vent. En fait, il doit tout le temps y en avoir.

Randonnée très bien préparée mais on avait oublié le plan sur l'imprimante donc on a improvisé une petite boucle pas vraiment ronde qui permettait de voir de près des champs de tulipes et jacinthes. Oui car le véritable intérêt de la Torche n'est pas le surfeur (encore que s'il y avait des surfeuses..) non, ce sont les cultures de fleurs qui semblent un peu surgir de nul part.




Après cette matinée venteuse, direction le


Occupé pendant la guerre par la marine Allemande (probablement par les plus allergiques à l'élément marin), il est bombardé par les anglais et tombe en décrépitude jusqu'à son rachat par le département à la fin des années 60. La restauration est progressive mais ne vous attendez pas à voir des pièces en parfait état !

et l'état d'origine :

Mais ce qui fait véritablement l'intérêt du site, c'est le cadre, le très vaste jardin arboré, planté de nombreux camélias, rhododendrons, magnolias. Ajouté à cela, des jardinets thématiques situés près des serres et vous avez un véritable régal pour les yeux. Et les oreilles car la faune avicole est partout quelque fois complété par le bruit des cascades récemment mises en places et des installations sonores plus ou moins réussies.
La vue depuis l'esplanade :




Chateau de Trévarez : 7 euros, prévoir 2 h 30.
j5
Il est temps de quitter la Bretagne pour rentrer sur Paris, mais sans faire un direct à Montparnasse. Plutôt un long détour avec étape de 2 nuits à Saumur, avec pour ne pas conduire idiot, une petite pause à Pont-Aven et une pause plus longue à Maulévrier.
Je vais passer rapidement sur le premier, c'est très touristique et si quelques bâtisses se mirent dans le cours d'eau et que certains angles de vue valent le coup d'oeil, il n'y a pas de quoi casser 3 pattes aux canards qui déambulent entre deux galeries d'artistes locaux.



Le parc oriental de Maulévrier (j’insiste c'est "oriental" et non "japonais") aura donc le droit à tous les honneurs, ça tombe bien il le mérite.

Les photos ne peuvent rendre justice à l'endroit qui, en ce mois d'avril, accueille le touriste par des Sakuras en fleurs. Pour une fois, j'aurais fait le o-hanami. Certes, il n'y pas non plus pléthore de cerisiers, mais croyez-le ou non, avec la lumière déclinante d'une fin d’après-midi et une brise qui fait lentement chuter quelques pétales sur la pelouse, cela fait son petit effet.


Après ce court chemin dans le rose, on débouche sur le plan d'eau, dominé par la silhouette jaune du château Colbert (en travaux malheureusement), rythmé par l'alternance des feuillages et par des artefacts variés : Tori, statues Khmers, petits ponts.


On déambule à un train de sénateur autour de l'étang, en découvrant, environ tous les 3 m, un nouvel angle, une nouvelle perspective. La diversité des points de vues possibles sur un espace somme toute relativement restreint est incroyable, du grand art. Une "pagode" de style normando-alsacien (d'où les guillemets...) est installée à l'extrémité et servait, à l'origine de salon de thé.


Elle présente maintenant, l'histoire du Parc : construit entre 1899 et 1913, il a été progressivement abandonné avant d'être racheté par la commune au début des années 1980 puis remis en valeur à la fin de cette même décennie. Mes plus profonds respects aux jardiniers qui ont réalisé le travail, impressionnant au vu des photos...

Un petit espace bonsai a été aménagé sur les hauteurs, loin d'être immanquable, le trajet qui y mène surtout de découvrir le reste du jardin sous des angles encore renouvelés.

Je n'irai pas par 4 chemins, visite totalement indispensable, mérite le détour, vaut même le voyage à lui tout seul, j'ai été véritablement bluffé par ce parc qui n'a pas à rougir comme un tori devant ses équivalents nippons.

Tarif : 7 euros
Durée : 1 h30 (si vous ne prenez pas de photo) - 6 h dans le cas contraire.
Site officiel : http://www.parc-oriental.com/
J6
(message publicitaire) Notre demeure pour ce séjour est le château de Beaulieu, fortement recommandé, décoration d'époque très recherchée :

A quelques kilomètres de Saumur, en retrait de la vallée de la Loire, se niche l'abbaye de Fontevraud. Quand je dis se niche, on a l'impression d'un petit édifice à moitié dissimulé dans les replis du relief. Non, ce qui subsiste de l'abbaye Royale, est un très vaste ensemble architectural de pierre blanche et d'ardoise.

L'histoire de cette institution commence en début du XII par la fondation d'une communauté mixte mais dirigée par des femmes ce qui a le mérite de l'originalité surtout à l'époque. Elle va se développer pendant tout le siècle avant de devenir nécropole royale avec en hôtes les plus illustres : Richard Cœur de Lion et Aliénor d'Aquitaine, excusez du peu.

Je passe vite sur la suite, qui après un déclin concomitant à la guerre de 100 ans (il faut dire que l'ordre est assez acoquiné avec la perfide Albion), va être, à partir de la mi XVème, synonyme de grand développement de l'abbaye avec une influence qui s'étend sur tout le royaume. Une longue lignée d'abbesse gère le domaine et la prospérité est à l'ordre de chaque jour, bien aidé par des liens très serrés avec la cour du Roi de France. A la Révolution, patatra, tout le monde quitte le navire qui est vendu comme bien national. En 1804, l'Empire a la "bonne" idée de le transformer en prison. Je dis "bonne" car nonobstant la sinistre réputation carcérale du lieu, notamment décrite par Genet dans "Le miracle de la rose", c'est peut-être ce qui l'a sauvée de l'utilisation comme carrière de pierres. Elle gardera sa vocation jusque dans les années 60 avant d'être finalement transformée 10 ans plus tard en un site touristique.


Que peut-on visiter alors ? Tout d'abord la magnifique église abbatiale, son chevet et son sobre intérieur. On passe ensuite dans le cloître, avec la salle capitulaire attenante, une salle consacrée à l'histoire de l'abbaye, une petite exposition sur la prison et Jean Genet. En prime, une installation contemporaine assez intéressante (c'est suffisamment rare pour être signalée).

En fin de parcours, un curieux bâtiment au toit assez baroque, qui se trouve être les cuisines. Les multiples cheminées étaient utilisées en fonction du vent.


Une visite complètement indispensable si vous passez dans le coin, voire même un joli but de pour une week-end.

Site officiel : http://www.fontevraud.fr/
Tarif : 7 euros
Durée : 2 heures
L'après-midi, après un petit pique-nique sur les bords de Loire, visite du château de Saumur. Là je dois dire que j'étais un peu déçu, si sa position dominante au-dessus de la ville, mérite le coup d'oeil depuis la cour intérieure, il manque un je-ne-sais-quoi pour le rendre captivant.






Après, nous avons visité quelques charmants villages de la vallée. C'est injuste quand même : pensez donc, il y a une telle densité de châteaux, bâtiments historiques que des édifices qui dans une autre région passeraient pour des monuments emblématiques ne sont ici qu'à peine mentionnés dans les guides. Exemple, l'église de Cournault :

J7
Snif, nous quittons à regret notre "petite" demeure Saumuroise pour un dernier château avant de retourner à la capitale. L'heureux élu, ainsi honoré par notre visite, est celui de Brézé : le critère de choix a été son sous-sol, qui présente la particularité d'abriter un autre château, plus exactement un tissu de salles, couloirs et aménagements troglodytiques.

Par la même occasion, le château possède les douves les plus profondes d'Europe dans lesquelles on circumambule (mais si ça existe) en visitant. Si le site est occupé depuis le XIème, le château proprement dit date du XVIème, tandis qu'une grande galerie néo-gothique date de la seconde moitié du ... XXème siècle.

Les habitats troglodytes dans les douves :

Le pont d'entrée du château, vu du bas :


La grande galerie dont la restauration a été financée par les billets d'entrée : c'est donc l'occasion de voir du vrai "ancien récent" et d'imaginer le travail de bénédictin qu'il a fallu fournir pour mettre le tout en couleur.

Voilà c'est fini, un vrai coup de cœur pour Saumur et sa région, peut-être même plus que lors de mes précédents passages autour des châteaux de la Loire.