Séjour en Brenne, arrivée et parc naturel régional
Pour ces courtes vacances de mai, j'avais choisi comme thème "vivons heureux, vivons SEULS et au vert".
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J1
Après une mauvaise orientation initiale ardéchoise, c'est la Brenne qui permettait de répondre à ce besoin tout à la fois simple, simple et merde pas compliqué ! Accessoirement, la saison et le lieu concordaient pour faire d'un tel séjour un terrain de tests idéal pour mon nouvel objectif. Nous voilà donc partis pour la Brenne avec un petit arrêt sur la route à Saint-Savin, qui abrite une abbatiale du XIème siècle de style roman donc et assez colorée.
L'arrière de l'abbatiale, le bâtiment conventuel et sous les échafaudages, le logement de l'abbé :

Les peintures, notamment, l'ont faites classer au patrimoine mondial. Cela va de l'abstrait sur les colonnes :

Jusqu'à du plus figuratif sur la voûte de la nef (Noé, Moïse, le classique) :

Après cette courte pause, nous arrivons dans notre gîte à Luzeret (


Le lendemain, des orages s'annoncent mais du moins le matin, les cieux nous sont propices. Enfin disons, accommodants. Direction la maison de la réserve naturelle de Chérine, un peu plus au nord de notre logement. Le site présente l'avantage de concentrer sur un même lieu 2 étangs intéressants avec des postes d'observation bien aménagés et surtout pas trop loin des bestioles à observer.

Disons-le tout de suite, il n'y a pas grand monde mais ceux qui sont présents, sont le plus souvent étrangers et sont équipés d'un matériel qui ridiculise mon 150-600. Pas vexé du tout, je me colle l'oeil au viseur, tandis que les vaisseaux amiraux de Canon et Nikon tirent en salve à mes côtés.

Il y a des oiseaux. Beaucoup d'oiseux : grèbe huppée, grèbe castagneux qui malgré son nom de loubard est gros... comme le poing, guifettes moustac (encore que j'ai un gros doute parce que sur toutes mes photos en zoomant on voit des mouettes rieuses), des palanquées de canard, des hérons et même un éclair bleu azur, un martin pêcheur qui a paniqué les autofocus, affolé les obturateurs et émerveillé ceux qui comme moi, ont de suite déclaré forfait parce que de toute façon ça va trop vite. Le garde présent donne quelques explications et explique les nombreuses actions qui sont quotidiennement entreprises notamment vis à vis de certaines espèces un peu trop prolifiques comme le ragondin et le rat musqué. Bon, je vous fais pas un dessin, moi je pourrais pas faire ce job.
Et mince, j'ai pas eu le cœur :

Le castagneux :

Mais malgré tout la gente volatile n'est pas la star, car, plus rare, il y a des tortues d'eaux douces : les cistudes, emblématique du parc. Elles ont même le droit à leurs propres panneaux :

Une cistude probablement femelle (ou un jeune) :

Un mâle (du fait des yeux rouges) :

Photo de groupe avec donc ce qui me semble être une mouette rieuse :

Après, ça se corse, l'orage nous rattrape. Du coup, nous nous orientons vers l'étang de Bellebouche, initialement pour en parcourir la circonférence (n°6 dans le livre_ Les plus belles balades du Parc naturel régionale de la Brenne, Dakota éditions_) mais très vite, nous nous réduirons à une petite virée car l'orage a transformé les chemins en patinoires boueuses. Nous profitons quand même des effets de lumière et brume qui passent fugacement sur l'étang sous des ciels à la Miyazaki.



En estimant à vue de nez, et grâce à ma parfaite maîtrise des phénomènes météorologiques, le devenir des nuages sombres qui se profilent à l'horizon, nous optons pour une balade autour de la maison du parc (à ne pas confondre avec celle de la réserve, distante de 10 km) parmi les chemins creux et les buttons (n°1 dans le sus-dit livre). Les buttons sont des petites buttes crées par l'érosion différentielle, les roches les plus durs subsistant ainsi sous forme de monticules tandis que leurs voisines plus tendres sont emportées (How many year must a mountain exist, before it is washed to the sea ?).
Le button avec le château du Bouchet (pas de visite hors saison) :

Des chenilles qui descendent en rappel de leurs arbres (littéralement surchargés de ce qui ressemble mi à des toiles d'araignées, mi à des coccons) :

L'occasion aussi de voir dans certains étangs, ces enclos :

Ils sont destinés à protéger des nénuphars des attaques des ragondins ou cygnes. L'objectif étant au final de permettre au guifettes de nicher sur ces nénuphars. A priori cela marche, même si nous ne l'avons pas vu de nos yeux vus.
Puis juste à côté, l'étang de la mer rouge, le plus grand de la Brenne. Pour le coup c'est plutôt l'étang de la mer d'Aral car il a été vidé.

Dommage, mais la promenade sur la digue permet d'observer des volatiles peu farouches (en même temps, il faut bien qu'ils mangent les pauvres alors ils squattent les petites étendues encore en eau).
Un Bihoreau Gris qui patiente :

Un jeune qui tente le coup et manque de se fiche à l'eau par la même occasion :


J2
On ne peut, non on ne peut pas, aller voir tous les jours des jolies petites tortues. Il faut savoir raison garder, donc pour cette deuxième journée, après la nature c'est culture. Road-trip dans la vallée de la Creuse. En fait, le road-trip va être assez court, la zone à couvrir n'est pas non plus immense.
On commence en dehors de la vallée d'ailleurs, avec le village médiéval de Saint-Benoit-du-Sault, essentiellement peuplé de chats, où en tout cas avec un fort ratio matous/humains. Sis sur une petite butte, on peut y voir un portail du XVIème siècle, et un ensemble prieuré église. A ce propos, le point de vue sur ce dernier depuis l'autre côté côté de la rivière semble valoir le coup d'oeil mais nous ne l'avons su qu'après.


Nous nous dirigeons ensuite sur Crozant, célèbre pour son "école de", où l'on a regroupé une palanquée de peintres paysagistes aimant à peindre sur le motif. Pas vraiment une école donc, pas de maître et de disciples mais une communauté d'intérêt pour la ville et ses alentours. Comme partout (si si partout), Monet y a posé son chevalet, Arnaud Guillaumin dont le buste trône à côté de l'église et d'autres dont les noms sont moins passés à la postérité en dehors des cercles de spécialistes.
Ils y ont peint, la Creuse, le confluent qu'elle forme avec la Sédelle, et bien sûr les ruines de la forteresse. Hors saison, celle-ci ne se visite pas, mais on a tout à gagner à marcher un peu sur la rive opposée pour y découvrir LE point de vue, celui que l'on voit dans les guides (de préférence au coucher de soleil):

On a aussi pu y observer ce qui ressemble grandement à des faucons pélerins, manque de chance je n'avais pas mon 600 mm.
Je suis pas chien, voici approximativement le trajet (le P bleu indique le trajet) :

Nous pique-niquons au belvédère du barrage d'Eguzon (1926) qui à l'époque de son inauguration était le plus grand d'Europe, avant de visiter Gargilesse. Très rapidement parce qu'en fait, à peu près tout est fermé....


Jolie crypte peinte sinon.

La maison-refuge de George Sand :

Pour rester dans le thème George Sand, nous optons ensuite pour visiter le domaine de la dame à Nohant (attention ce n'est pas dans la vallée de la Creuse, prévoir 45-60 minutes de route pour y aller).

La visite de la demeure est obligatoirement guidée (mais c'est libre pour le jardin), l'intérieur est bien préservé et parfois... original comme ces peintures, désignées par son fils, dans le hall d'entrée.

La guide évoque la vie de Sand, son éducation très moderne, sa volonté d'indépendance (et donc la nécessité de gagner sa vie par elle-même), le groupe <del>de parasites</del> d'amis qui se faisait entretenir sur ses terres, ses liens avec Chopin, son fils tanguyesque mais bizarrement rien sur la correspondance cochonne avec Musset, ah la la. Toutes les pièces ne sont pas accessibles mais on peut voir la cuisine (très moderne pour l'époque), la salle à manger, des chambres, la pièce où travaillait Chopin mais aussi la scène de théâtre où elle faisait répéter ses pièces avant de les envoyer sur Paris :

Quelques-unes des très nombreuses marionnettes conçues par son fils et habillées par George Sand sont exposées dans cette salle de théâtre, le reste est au-dessus de la boutique. La salle à manger semble avoir été laissée en l'état et restituent l'ambiance de l'époque (bon après, faut aimer les lustres en verre de Murano) :

Un joli jardin, classé jardin remarquable, entoure la demeure, dommage que la route nationale passe juste à côté.
Nous terminons la journée par une rapide visite d'Argenton-sur-Creuse, assez calme pour tout dire...

J3
Ce vendredi nous avons prévu 2 balades et un intermède culturel.
La première permet de découvrir les rives des étangs du Blizon, Massé et Bénisme (n°2 dans le livre_ Les plus belles balades du Parc naturel régionale de la Brenne, Dakota éditions_). Problème, le premier de ces étangs, le plus grand, est aussi à sec.

On joue de malchance. Quelques oies et hérons marchent sur la grande étendue de boue séchée, déjà colonisée par les végétaux. Au loin, un majestueux bosquet , où retentissent les cris rauques de dizaines de hérons : c'est une héronnière, mais de là où nous sommes, pas question d'apercevoir les volatiles si causants.

Nous poursuivons la route, slalomant entre de multiples étangs de plus petite taille, sous un joli couvert végétal peuplé de de nombreux chanteurs à plumes. Des grenouilles nous esquivent à chaque petite flaque d'eau qui jalonne le sentier.

Nous parvenons enfin à l'étang Massé (en eau celui-là), récemment acheté comme réserve, et où un poste d'observation a été amenagé : au loin on retrouve des guifettes moustac, mais vraiment au loin. Le spot est vraiment diamétralement opposé à leurs sites de nidification, on ne fait donc que deviner quelques points blancs. Tout près, puisque juste sous nos fesses, des hirondelles ont élu domicile entre le plancher de l'observatoire et la surface de l'eau : un ballet à grande vitesse se déroule ainsi sous nos yeux.
La balade se poursuit avec l'étang Bénisme lui aussi doté d'un observatoire mais là encore un peu trop loin des oiseaux, dommage. Malgré ces quelques réserves, une fort agréable randonnée de 3 heures, peu fréquentée.
Pour la partie visite culturelle, nous avons choisi d'aller jeter un oeil à Le Blanc et à l'abbaye de Fontgombault. Peu de choses à dire sur le premier et pour la seconde, et malgré la proximité phonétique évidente avec la maisonnée d'Elrond, je serais aussi assez peu disert. L'abbaye est toujours occupée par une communauté de moines (un village la jouxte d'ailleurs qui accueille des visiteurs souhaitant faire une retraite spirituelle) et nous sommes tombés en plein service dans l'abbatiale.

Pour finir la journée après ces 2 déconvenues, nous pensions nous rattraper avec une balade dans une roselière. Certes, il s'agit toujours d'étang mais cette fois-ci la végétation devait rendre le parcours différent. Las, l'étang est bien trop aménagé, la roselière reste peu visible, tandis que des plantations de pins noirs font un peu tâche dans le paysage.

Petite déception pour notre dernière journée en Brenne donc, il aurait mieux valu allez revoir les cistudes.

Le lendemain notre retour sur Paris se fait avec un crochet par l'abbaye de Noirlac. Petite frayeur en arrivant, il y a pleins de gens qui bricolent à droite et à gauche. Pas de chance, festival ce week-end dans et autour des bâtiments abbatiaux... Des installations d'art contemporains, ambiances sonores, aïe aïe aïe, mais non ça va finalement, il y a même des choses intéressantes (et au moins personne n'a suspendu de homard gonflable en prétendant révolutionner mon regard sur la création) : mobiles à la Calder période Ikea, dispositifs géants de captation sonore, instruments à vent DIY, etc.. Alors certes il y a un peu des câbles partout mais ce n'est pas non plus le scandale qu'écrivent les visiteurs précédents dans le livre d'or. Pour en revenir à nos moutons, l'église abbatiale et ses annexes est sobre, austère même pour répondre aux canons esthétiques et doctrinaux cisterciens. Le cloître roman notamment malgré sa relative simplicité architecturale présente beaucoup de charme.


